Fini l’Equateur, à nous le Pérou ! Enfin, en un plus de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. Pour passer la frontière, nous avons choisi une nouvelle route non asphaltée taillant à travers la brousse, et voyant peu de voyageurs. Il nous a donc fallu emprunter un bus pendant 8h à travers la forêt équatorienne, puis un collectivo pour arriver à La Bolsa, la frontière, puis de l’autre côté un tuktuk, un taxi collectif, un combi, un tuk tuk, un bus, avant d’arriver à la première ville péruvienne d’importance.
En chemin, le passage de la douane s’est avéré quelque peu floklorique. Côté équatorien, nous arrivons vers 19h dans un village de milieu de brousse de 10 maisons, où nous dérangeons un douanier jovial qui interromp son feuilleton télé pour venir nous accueillir, dévoilant un ventre nu proéminant. Pour le côté officiel, il enfile vite fait un maillot de foot et vient nous serrer la pince.
Nous avons notre tampon en deux coups de cul hier à Pô, et nous voilà face à un pont non éclairé, non gardé. Nous nous faufilons sous la barrière pour passer côté péruvien, et traversons dans le noir le petit pont de bois qui ne tenait plus guère que par un grand mystère.
De l’autre côté, quelques maisons junglesques, et une gargotte éclairée. Nous demandons à un buveur de cerveza où se trouve l’immigration.
“??? Hum, normalement c’est cette maison là, mais à cette heure, le douanier mange. Allez donc voir au restaurant là-bas!”.
Au restaurant : “???? Hum, à cette heure le douanier est chez lui. Allez donc voir la petite maison jaune au toit rouge!”.
Nous frappons donc à la porte de la petite maison jaune au toit rouge. Un monsieur ouvre les volets d’une fenêtre du premier étage et passe une tête.
“C’est pourquoi ?
- Pour l’immigration, m’sieur !
- Hein ? A cette heure ci ? Bon, attendez…”
Il nous ouvre la porte de sa maison, et nous voilà dans son salon en train de quémander notre tampon d’entrée.
“Mais par où c’est-y que vous êtes arrivés ?
- Heu, par la frontière, m’sieur.
- Mais comment c’est-y que vous êtes venus ?
- Par les transports en commun m’sieur.
- Hein, des transports en commun, par ici ? Y’en a donc ?
- Ben oui m’sieur, il semblerait que ça fait quelques années maintenant qu’il y en a.
- Ah bon ? C’est que y’a jamais personne qui passe ici. Et où vous allez dormir ?
- Y’a pas un p’tit hotel ?
- Ca non. Vous pouvez toujours aller frapper à la troisième maison à gauche pour voir…”
Enfin voilà, nous voilà donc entrés au Pérou par la petite porte, dignes représentants du chic français. Pour l’occasion, pour défendre notre réputation de stars internationales de la mode, nous avons revêtu nos plus beaux atours. Nos chaussures crottées passées aux grandes eaux, nous avons nos sandales aux pieds, et comme il fait froid par ici, nous avons de belles chaussettes, roses pour moi, assorties à ma veste, bleues pour Cyril. C’est très classe.
Finalement, nous prenons un tuk tuk et poussons jusqu’à la prochaine ville de cambrousse.
Alors, ce Pérou ? Les gens sont sympas (plus qu’en Equateur, ce qui n’est pas une prouesse), la nourriture est bien bonne (meilleure qu’en Equateur, mais là non plus, faut pas chercher bien loin).
Le pays est plus pauvre. Pour l’instant, nous n’avons pas encore fait de route goudronnée. La route de Chachapoyas à Cajamarca nous a d’ailleurs donné des sueurs froides, sur fond de paysages époustouflants.
Les transports en commun sont le plus souvent des “combis”, sorte de mini bus ne partant qu’une fois pleins, ce qui peut parfois prendre des heures. Ensuite, les passagers se partagent les places avec les poules et cocons d’inde (les “cuy”). Ceux ci sont une spécialité culinaire du coin. On peut manger du cuy grillé, roti, farci, en raviolis. D’ailleurs, sachant que le “u” se prononce “ou” ici, vous pouvez imaginer ce que Cyril a cru qu’on lui proposait de manger qu’on on lui a parlé de raviolis de “cuy”. Il a décliné poliment, manquant sur ce coup de cuy.
Enfin, nous voici donc en pays Inca. Nous avons donc visité nos premières ruines à Kuelap (pré-incas en fait). Pour y arriver, un beau dénivelé de 1000m à pieds, pour découvrir les ruines de la citadelles perchées au sommet d’une montagne et dominant la vallée. Le site resemble à la cité perdue d’Indiana Jones (avec un peu d’imagination, certes), et n’est plus peuplé que de quelques lamas (et d un eboueur andin).
Nous passons la nuit dans une famille du village en contrebas, à 3800m, qui vit sans électricité ni chauffage. Nous avons droit à la cuisine au feu de bois (enfin, frites/riz/oeufs au feu de bois, ça reste des frites/riz/oeufs) au cours d’un dîner fort sympathique. Nous découvrons le monde encore enchanté des gens sans télé :
“Il paraît qu’il y a des volcans qui crachent du feu ??? C’est vrai ???”
Et ” Les anacondas ça n’existe pas, il parait que c est le gouvernement qui a fabriqué une machine resemblant a un serpent géant pour faire peur aux trafiquants de drogue !”
Et encore : “Il y a une reine en Angleterre ? Ah, et c’est une belle princesse ?” Hum, comment lui décrire la reine Elizabeth ?
Nous descendons ensuite à Cajamarca, la ville la plus espagnole du Pérou paraît-il. C’est là que le chef Inca Atahualpa et ses 40 000 hommes ont été défaits par 183 Espagnols, cellant le destin de l’empire Inca et de tout le continent. Une fois capturé, Atahualpa promit aux espagnols, qu’il avait découverts cupides, de remplir sa cellule d’or et d’argent contre sa libération. Sa promesse tenue, il fur étranglé sur la place publique (pour avoir jeté une bible par terre selon les uns, pour inceste selon les autres). Glorieuse histoire coloniale !
Les Espagnols s’empressèrent ensuite de détruire la ville pour construire leurs bâtiments sur les décombres de la cité inca, pourtant majestueuse. Voilà donc la cité coloniale aujourd’hui :
Et le seul bâtiment inca conservé : la cellule d’Atahualpa ! Bel exemple de magnanimité architecturale !
Allez, sur ce, bien le bonjour de cousin machin et d Hubert de la Tremoilles !
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Eh ben dis donc, il faut faire drôlement confiance aux chauffeurs de mini bus sur ce genre de routes, et aux constructeurs de ponts. On imagine qu’ils ne sont pas entretenus régulièrement (les ponts … et les bus sûrement pas non plus).
Nous aimons beaucoup l’air philosophe des lamas. Dans ces paysages, ils ne doivent pas avoir trop de mal à être zen.
C’est amusant de lire qu’une dame qui cuisine des frites (depuis quand est-ce une spécialité péruvienne ?)ne connaît pas l’existence de la reine Elisabeth ni celle des volcans.
Laure, vas-tu avoir encore assez de souffle pour les bougies ?
Très bon anniversaire de nous deux et plein de bises.
Comment faites-vous pour emprunter des routes si peu fréquentées ? Exprès par gout de l’aventure ?
En tout cas, d’après le livre, faites une ballade en petits chevaux andins sur les chemins de l’Apu Ausangate. Visitez Cuzco et les murailles cyclopéennes de la forteresse de Sacsayhuamàn et si vous avez le courage,vous pouvez suivre le “chemin Inca” long de 43 km (4 jours de marche) au départ de Qoryhuayrachina et n’oubliez pas le Machu Picchu.
Vous découvrirez certainement beaucoup d’autres choses très intéressantes.
Nous sommes le 19, donc bon anniversaire à Laure et fêtez-le bien …en essayant de trouver mieux que des frites typiques péruviennes.
Grosses bises à tous les deux.
BON ANNIVERSAIRE LAURE
Quelle merveilleuse expérience!Je m’évades tous les jours avec vous.
Merci et continuez à nous faire rêver.
Bon anniversaire Laure. Toujours aussi passionnantes vos aventures mais quel contraste avec notre vie de tous les jours.
Joyeux anniversaire Laure !
Hâte de savoir comment tu l’as fêté
Quelle aventure mais que de choses vuez et à raconter. Bon anniversaire Laure. Gene et Jean
Bon anniversaire Laure. Les enfants demandent si les LAMA crachent vraiment…vous testez pour nous ? Bisous
Merci a tous pour vos messages ! Ca me fait bien plaisir de vous lire… Pour les lamas, on a fait tout ce quon pouvait pour les enerver, mais on nest pas aussi forts que le capitaine Haddock, on a juste reussi a les faire fuir ! Sinon merci pour les conseils de voyage, on va essayer de les suivre… On ne pourra cependant pas faire le chemin de lInca, il faut reserver plusieurs mois a lavance ! Mais on va emprunter un chemin alternatif qui nous menera normalement au Machu Pichu !
Et sinon, les frites sont peut etre bien peruviennes, vu que la patate est nee ici (il paraitrait quil y aurait plus de 400 sortes de patates par ici !)