Hier matin, nous contemplions la vue sereine et majestueuse du lac Maninjau depuis notre bungalow avec vue sur le lac. Nous avions commandé du poisson grillé pour le repas du soir au pécheur qui débarquait sa cargaison du jour… La vie était belle !

Nous partions pour une ballade de trois heures dans la jungle devant nous mener à un point de vue magnifique sur le lac. Nous étions chanceux, le temps était au beau fixe, chose rare dans ce pays pluvieux. Mais après une heure d’allers retours, toujours pas de sentier en vue. Je décide donc de croiser la route pour demander mon chemin. Comme ma maman me l’a bien appris, je regarde d’abord à gauche puis à droite avant de traverser. Sauf que  les Indonésiens ont eu la bonne idée d’immiter les britishs et de rouler du mauvais côté de la route. Résultat, BOUM ! Je me rue contre un scooter.

La suite est un peu vague, j’ai dû occulter ce moment peu glorieux de ma carrière de routarde. Je reprends connaissance à l’arrière d’une voiture conduite par un inconnu, dans les bras de Cyril qui me répète : “Parle moi, surtout parle moi, ne t’endors pas” ! Oh lala, mais pourquoi il stresse comme ça ? Cool Raoul ! Tu tennuies ? Tu veux une histoire ? Attends… Ah, tiens, je t’ai déjà raconté comment ma soeur avait rencontré son mari ? Elle est pas mal celle-là… “Aaaaah ! Elle a un pète au casque ! Vite, chauffeur, si t’es champion, appuie sur le champignon !”

En trois minutes, je suis débarquée sur un brancard au service des urgences du coin, un bâtiment dernier cri :

Une doctoresse s’occupe de moi, assistée de son “nurse” et d’une petite dame, qui me nettoie le coude, pendant que le monsieur me coupe les cheveux. Nooon !!! Pas ma crinière ! Vade retro ! Je vois déjà le massacre…

Ils nettoient tout ça à la bétadine, puis m’anesthésient le crâne. Cyril veille au grain : il prend garde que la seringue soit bien neuve, scellée. 5 points de suture, un examen rapide et c’est réglé. Je reste en observation pendant 3 heures. Sauf qu’il n’y a personne pour m’observer : Cyril a filé chercher le numéro d’inter mutuelle assistance (d’une efficacité redoutable même en temps de stress), et notre cher personnel médical est parti… à la mosquée ! Ben oui, c’est vendredi, jour de prière, les accidents se résolvent par l’opération du saint esprit aujourd’hui.

Les seules personnes qui sont là sont les trois gars du scooter. Ils ont d’ailleurs assisté, avec toute leur famille, à toute l’opération, charmant spectacle. Je suis sure qu’ils attendent pour nous demander un dédomagement pour le scooter. J’y vois vert (mais peut-être est-ce le coup sur la tête). Mais la fin de l’histoire nous apprendra qu’en fait, ils attendaient à mes côtés pour payer la note de l’hospital, car ils culpabilisaient ! Incroyable ces Indonésiens, quelle gentillesse. Nous avons refusé bien sûr…

Donc après trois heures ma doctoresse me laisse rentrer gentiment à l’hotel. La personne qui m’a ammenée à l’hôpital a ramené Cyril à l’hotel, l’a accompagné partout pour recharger le téléphone, acheter de l’eau fraiche, et nous dépose enfin à l’hotel. Là, ça tourne, j’ai mal au coeur. Cyril est plus rapide que l’éclair : on ne rigole pas avec les coups sur la tête. Il nous dégotte une voiture semi-privée, nous réserve toute la banquette arrière, et trois heures plus tard, nous voilà à l’hopital de Padang. Quand Cyril a demandé à la dame d’IMA où nous devions aller, elle nous a répondu : “L’hopital conventionné le plus proche est à Jakarta”. Euh, ma p’tite dame, comment vous dire ? La dernière fois que nous avons fait Jakarta – PAdang, ça nous a pris 48h ! Donc y’aurait-y pas plus près quand même ?

On ne sait donc pas trop à quoi s’attendre en poussant la porte des urgences de l’hopital de Padang. Mais nous sommes vite rassurés : le personnel est anglophone, l’examen semble sérieux. On me propose tout de suite un scaner (ce pour quoi nous sommes venus). Je passe donc des radios dans une salle à la peinture qui s’effrite, mais la bicoque fonctionne. En 30 minutes, le tour est joué, nous avons les résultats : tout va très bien madame la marquise.

Ouf !

Je demande quand même à ce qu’ils me fassent un pansement. L’infirmier se saisit d’un rasoir. Nooooon, pitié, pas mes cheveux !!! Ou juste en dessous, pas dessus. Mais non, il n’en fait qu’à sa tête. Dessous ET dessus. Bouhou ! J’ai des visions d’horreur :

Je demande à Cyril si le trou dans les cheveux est gros, il me rassure. Mais non, tout petit petit petit. Il y a un petit de trop ! Et effectivement, aujourd’hui il m’a avoué que la tonsure était de la taille de son poing

Enfin voilà, tout est rentré dans l’ordre. Cyril me trouve bien un air un peu changé, mais je ne vois pas de quoi il peut bien vouloir parler…

Aujourd’hui, nous sommes retournés à Bukittingi, après confirmation par un radiologue (Madame Riri), que tout allait bien, et nous partirons demain pour nous reposer dans la vallée d’Harau. En tous cas on ne saura jamais quelle trajectoire j’ai faite excatement après le choc, je me découvre des bleus sur des nouvelles parties du corps à chaque minutes, donc même pour l’inspecteur Cyril, le mystère reste entier. Quant aux conducteurs du scoot, ils n’avaient pas grand chose, même si leur véhicule est un peu cabossé.

En tout cas, maintenant je ne m’embête même plus à regarder avant de traverser la route, je sais qu’en cas de problème, Cyril assure comme une bête !

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