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Quand on perd la loco…

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Un nouveau réveil à l’aube. On doit être à la gare à 6h20 et on a réservé un pousse pousse pour 6h. J’espère que le dénommé Riri avec son pousse pousse « Canaan »sera là. A partir de 4h du mat, il y a un groupe d’anglais qui s’est mis à parler sous notre fenêtre comme si il était 15h. On a du leur demander de se la fermer. Ah là là, ces anglais, tous les mêmes !

Bref, la journée commence bien. Riri est là. On a un peu pitié de lui : on est deux sur son pousse-pousse, avec nos gros sacs. Laure veut marcher à côté mais il lui est rigoureusement demandé de remonter illico presto sur le pousse-pousse.

On doit revoir Julia et Maxime à la gare, leur chauffeur nous a réservé les places en seconde (ce qui est normalement impossible, les touristes sont invités à voyager en première, entre Vazahas ; en seconde, il n’est pas possible de réserver). Du coup, nous n’avons pas à faire la queue pour acheter les billets.

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On est dans un grand hall et on entend le bip-bip du train derrière un portail. Il s’ouvre, un contrôleur essaie tant bien que mal de contrôler les billets sans se faire submerger par la foule. C’est qu’il faut se dépêcher si l’on veut avoir des places côté droit pour pouvoir profiter du paysage. Le traine st déjà bien rempli mais l’on trouve finalement deux places au tout début du train, juste derrière la locomotive et en face de deux gamines de 4 et 7 ans, dont le père semble travailler dans le train.

On a l’impression que le train date d’une autre époque (ce qui est le cas en fait !). Il relie Manakara à Fianarantsoa, et met entre 7 et 12 heures pour faire 150 km, en s’arrêtant dans pas moins de 17 gares ! 3 fois par semaine dans un sens, 3 fois dans l’autre sens. Autant dire qu’il ne faut pas le rater.

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Outre le transport de voyageurs, il a un grand rôle côté marchandises. Dans chaque gare, il peut s’arrêter jusqu’à une heure pour charger des tonnes de caisses de bananes ou autres denrées à destination de Fianarantsoa.

Et pour couronner le tout, ça monte ! 1000 km de dénivelé le long des 150 km de voie. Autant dire que vu l’entretien, les wagons ont intérêt à être solidement attachés les uns aux autres.

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Le train siffle à tue tête, signalant le départ et on bouge enfin. C’est mieux que Disneyland, on est balancés dans tous les sens, dans un bruit assourdissant. C’est marrant à voir. Tous les passagers font les mêmes sauts de cabri, de bas en haut et de droite à gauche, en rythme, on dirait une danse à la mode.

Le train traverse la piste de l’aéroport (normal) et commence à grimper dans la montagne. Les petites en face de nous, toutes fières d’être en face des Vazahas, sont debout sur le siège et passent leur tête par la fenêtre, se prenant quelques branches au passage dans la tête de temps en temps, mais ça n’a pas l’air de les perturber… Moi quand je serai grand je voudrai un enfant Malgache ! Ils ne pleurent jamais, ne se plaignent jamais et sont hyper autonomes et responsables. D’ailleurs, le père des deux petites est parti travailler dans la locomotive. Elles feront donc le trajet seules…

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Première gare, premier arrêt. Des gens montent, des gens descendent, mais globalement le train se remplit. Les passagers font passer du chargement par les fenêtres, le mette sous les sièges, sous les pieds… Comme dans le taxi brousse, des vendeurs proposent à chaque arrêt leurs beignets, oranges, gâteaux, par la fenêtre du train.

Comme d’habitude, les Malgaches grignotent beaucoup. Alors on décide de faire comme eux. A chaque gare sa spécialité : beignets de banane pour l’une, gâteaux au manioc pour l’autre, oranges, écrevisses, galettes de riz cuites dans des feuilles de palmier.. On se laisse tenter quelques fois, mais on reste des petits joueurs comparés aux passagers du train. Nos voisins commencent rapidement à manger la gamelle de riz qu’ils avaient emporté avec eux en cas de petit creux, puis à chaque arrêt, ils ingurgitent tout ce qui tombe sous leur main : poulet, bananes, manioc, beignets, écrevisses puissance 10, en crachant directement les coquilles dans le train, sur les sièges et dans les couloirs. Ca nous dégouterait presque de les voir autant s’empiffrer.

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Maintenant, à chaque arrêt, des dizaines de personnes montent et peu descendent. Cela fait bien longtemps qu’il n’y a plus de palces assises. Certains passent donc les 12 heures de trajet debout. Oui, j’ai bien dit 12h ! Interminable, épouvantable ! Le Routard, et tous les gens que l’on a vus, nous ont grandement conseillé ce voyage « authentique » en train. Mais 12 heures pour faire 150 km, c’est inhumain !! Impossible de bouger, avec des sacs de riz sous nos pieds, volant de droite à gauche, et surtout, impossible de faire pipi ! Pourtant, énorme envie ! Trop dur. Les petites sortent par la fenêtre, récupérées par leur père, pour aller aux toilettes (c’est-à-dire faire pipi sur le pelouse face au train). Laure ne peut pas faire la même chose. Du coup elle patiente. Pour ma part, j’ai réussi à me faufiler dehors à un arrêt, ça soulage !

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Bref, c’est insupportable. On se met donc à compter les gare. Il y en a 17. A vue de nez, on en a fait 10, il n’en reste plus que 7. Sauf que notre décompte arrive à zéro et que l’on continue à s’arrêter dans des gares, encore et encore… Heureusement, le train a décidé de mettre de l’ambiance : tout d’un coup, au beau milieu d’une petite descente, une dame en face de nous montre du doigt l’avant du train, en parlant fort. Le train s’arrête brusquement. Je me retourne pour regarder devant par la porte de séparation entre les wagons, et là, sous mes yeux ébahis, un grand jour. Plus de locomotive !!! On a perdu la locomotive ! Pouf, partie. Nada. Plus rien. On l’entend qui klaxonne au loin mais on ne la voit plus.

Je me retourne, un peu en émoi, pour expliquer à Laure, qui ne me croit pas, et tous les locaux nous montrent du doigt en éclatant de rire !!! Je me penche par la fenêtre pour effectivement constater l’absence de locomotive. Un policier et un agent regardent bêtement le verrou ouvert.

Au loin la locomotive revient en marche arrière. Une fois arrivée, elle est tout simplement raccrochée, et ça repart comme si de rien n’était. Heureusement que la sécurité a fonctionné !

Je partage les photos que l’ai prises avec les autres passagers, très intéressés d’une manière générale par les appareils photos. On apprend au passage qu’il reste encore quatre arrêts. Les paysages, cascades, forêts, bananiers, fleurs, continuent de défiler jusqu’à l’arrivée vers 18h à Fiana.

On arrive dans le noir complet, les lumières du train ne marchant pas (comme dans tous les tunnels d’ailleurs). Les gens s’éclairent avec la faible lumière de leur téléphone, et je suis un peu considéré comme le messie lorsque j’éclaire tout le wagon avec ma lampe frontale. Malgré le « mora mora » local, il faut quand même lutter pour sortir du train. Germain nous attend à la gare. Ils ont vraiment de la suite dans les idées ces Malgaches. 4 jours plus tôt, ils essayaient de nous louer une voiture. On hésitait, et on a lâchait l’information que l’on revenait le dimanche par le train. Les voilà donc fidèles au poste !

D’un autre côté, il tombe bien parce qu’on n’était pas très rassurés de rentrer à pied de nuit à l’hôtel. On aurait pris un taxi, mais là, ils nous escortent ! On avait réservé une chambre à l’hôtel donc pas de souci.

L’idée d’une voiture nous tente bien, mais il faut négocier. Si l’on veut tenir nos 20 euros par jour et par personne, on ne peut pas payer plus de 200 000 Ar. Ils nous proposent 600 000 pour rejoindre Tuléar, via le parc de l’Isalo. Hors budget. Ils ne descendront pas en dessous de 500 000, donc a priori, pas possible de s’entendre.

C’était sans compter sur deux clientes de l’hôtel, une mère et sa fille de 7 ans, qui nous écoutaient discuter et seraient intéressées également par le trajet. Après amputation de la course (on s’arrêtera finalement à Ranohira), et partage des frais, on arrive aux 200 000 Ar objectivés. Finalement on pourra bénéficier d’une magnifique voiture avec chauffeur dès le lendemain matin. Rendez-vous est pris pour 8 heures.

Après avoir dégusté un bon Mishao au zébu, on peut aller se coucher sereinement.

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