Rendez-vous à 7h30 à la gare des taxis-brousses. Notre véhicule privé, spécial Vazahas, nous attend. On est 10, le contrat est rempli, nous n’aurons pas à attendre le départ programmé de 14h pour faire la route, et pourrons donc arriver en fin d’après-midi à Antsirabe. Sauf que finalement, le mini-bus n’est pas si « privé » que cela. La coopérative réussit à nous coller une famille de 7 personnes sur le rang du fond, nous sommes donc maintenant 18 à bord, et ce, toujours pour 35 000 Ar par personne. Légère arnaque dans l’histoire, mais bon, on ne va pas expulser la famille malgache, ce ne serait pas très approprié (même si Richard et Marianne pestent et seraient bien tentés par l’expulsion. Nous partons à l’heure. La route est horriiiible, je ne sais même pas comment c’est possible d’en arriver là. Elle a visiblement été bétonnée dans ses beaux jours, mais, jamais entretenue, elle est maintenant un champ de roches et de nids de poules…. C’est pire que si rien n’avait jamais été fait. Le taxi-brousse est obligé de slalomer et d’emprunter régulièrement le bas côté, plus praticable que le fantôme de route. Ca s’améliore peu à peu, et finalement, nous pouvons foncer à la vitesse de la lumière. Enfin, même en appuyant à fond sur le champignon, on ne passe pas les 50 km/h. Et ça, c’est dans la descente. Quand ça monte, on atteint, en vitesse record, 30 km/h, et on se demande si la voiture aura la force pour aller à ce rythme jusqu’au bout de la côte. Une fois même, le taxi-brousse pousse, tire, utilise toutes ses forces, mais c’en est trop, il ralentit ostensiblement, s’arrête, eeeeet, …, et bien on redescend. Mais non, il se reprend, et puis malgré tout, on va de l’avant. De la grande technologie ! Et puis, fidèle à ses habitudes, le chauffeur s’arrête dans un village pour déposer un courrier (les taxis-brousses sont aussi postier de temps en temps). Là, Marianne s’impatiente, et klaxonne pour rappeler le chauffeur à son poste. Faut pas déconner non plus : c’est notre véhicule privé. Déjà qu’on accueille des Malgaches… Là, tout le monde a honte, et se cache dans le fond de son siège pour ne pas être aperçus avec la post-colonne franchouillarde râleuse. Puis autre arrêt : cette fois, on charge. Là encore, Marianne râle : « non mais c’est pas croyable ça, c’est notre véhicule, pourquoi on s’arrête encore ? ». Mora-mora, Marianne, on s’adapte !
Petite pause dans un petit village. Tout le monde mange dans le petit restaurant sur le bord de la route. Au menu : de la pintade. Fameux. Tout le monde ? Seuls Richard et Marianne font bande à part. 4 000 Ar le plat, c’est trop cher, quand on sait que juste en face on peut manger pour 2000Ar. Soit, on a compris l’esprit. Les jeunes rastas, avec qui on avait dîner la veille chez Jean le rasta, s’offusquent de cette pingrerie. Eux sont étudiante boursière et chômeur, ils devaient vivre pour 20 euros par jour pendant leur voyage, et ont finalement explosé le budget (il a plus que doublé), car ils voulaient se faire plaisir, même si c’était au-dessus de leurs moyens. Alors, à qui le mieux ?
A cette vitesse, nous mettons plus longtemps que prévu pour faire le trajet. Plusieurs fois, le taxi-brousse tombe en rade. Rien de grave : le chauffeur traficote un peu le moteur, et ça repart. Mais à la nuit tombée, nouvelle panne, tout le monde descend. On voit de nombreux feux à l’horizon. Le chauffeur décide de mettre de l’eau pour refroidir le moteur, et là… grosse explosion ! De la fumée partout ! On panique un peu, mais finalement on se rend compte que c’est simplement le moteur qui était brulant, et l’eau a explosé dans tout le taxi-brousse ! On peut remonter quand même à bord et repartir, mais nous héritons des sièges avant, et ils sont trempés ! Les places de devant sont très prisées : on a largement plus de place pour mettre ses jambes. Mais de nuit, l’opération n’est pas forcément une réussite : les routes ne sont pas du tout éclairées, et on passe à toute vitesse (enfin, c’est somme toute relatif), dans des villages où les gens sont assis sur la route… Autant dire que je ne suis pas rassurée, surtout que la ceinture n’opère que pour le passager de gauche. Je suis donc sacrifiée en cas de dérapage ! D’ailleurs, au passage, nous avons déjà éliminé un chien, que nous avons senti passer sous les roues et entendu couiner. Cyril en a été assez traumatisé comme ça !
Enfin, nous finissons par arriver à Antsirabe, à 22h, soit 14heures de trajet pour faire 400 km. Interminable. Là, l’hôtel où devait dormir Hubert, un des compagnons du taxi-brousse, que nous avions déjà vu à Belo, a fait une erreur de réservation. Il n’a pas de chambre. Nous avons trois lits dans la notre. Il dormira donc avec nous.
Nous allons prendre tous les trois un bon petit rhum arrangé chez Billy histoire de se dégourdir les jambes, et finissons dans une gargote, sur le marché, désert à cette heure tardive de la soirée. Nous avons droit à de minuscules brochettes de zébu et des samossas, le classique quoi. Hubert est un compagnon de voyage fort agréable. Nous finissons la soirée chez Billy, la valeur sure, et goûtons un énième rhum arrangé. Il n’y a pas à tergiverser : ses rhums sont les meilleurs de Mada (Bernie, à Ranonhir, se défendait pas mal non plus, mais là, la quantité fait la différence : Billy sert des verres de 25 cl de rhum ! Autant dire qu’après ça, on dort sur ses deux oreilles !).
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