Laure et Cyril sont sur un bateau. Laure reste sur le bâteau. Qui est tombé à l’eau ???
Voici l’histoire : tout à commencé à Paulino Neves, où nous ne devions passer qu’une nuit, en attendant notre connection de bus à 4 heures du matin le lendemain. Le soir, nous rejoignons les dunes au sortir du village, et assistons à un magnifique coucher de soleil. Nous sommes déjà sous le charme de village aux rues de sable, aux enfants se baignant nus dans le fleuve et à l’ambiance nonchalante. Nous pouvons même nous y promener la nuit tombée avec notre appareil photo ! Autant dire que l’on s’y sent bien.
Nous croisons sur un pont un français s’exerçant à la pêche à la ligne. C’est plutôt lui qui nourrit les poissons avec ses apâts que l’inverse. M’enfin, le plaisir est tout de même des deux côtés de la ligne. Il nous raconte son excursion de la journée en canoé pour rejoindre les lagunes au bout du fleuve. Nous sommes tentés et repoussons donc notre départ d’une journée.
Le lendemain matin, nous partons gaiement à 7h30 sur nos deux canoés, rami ramant. Nous sommes légers comme l’air, nous allons dans le sens du courant. Jusqu’ici, tout va bien :
Le paysage est fantastique : rives vierges, mangroves, oiseaux, nous sommes quasiment seuls sur le fleuve. Nous avons l’impression d’être des aventuriers d’un nouveau monde explorant un territoire immaculé.
Nous rejoignons la lagune. A l’horizon, nous apercevons des dunes. Cyril veut évidemment les rejoindre. Nous tentons donc de trouver un endroit où acoster, mais il faut pour cela braver la végétation abondante : nénuphares et broussailles nous barrent le passage. Il faut parfois surfer sur les plantes, d’autres fois agripper les tiges à deux mains pour se tirer. C’est érintant. Mais au bout d’une heure nous avons notre récompense : nous débarquons au milieu des dunes.
Ce sont les petites Lençois, une étendue de dunes au milieu desquelles se nichent de petits lacs. Personne à l’horizon. C’est tout pour nous ! Magique…
Nous repartons repus, un peu pressés tout de même car nous n’avons loué les canoés qu’à la demi journée, et il est déjà 11h.
Là, Cyril commence à faire la fine bouche. Il pousse des cris de titans en ramant, soupire, râle. “Je n’en peux plus, on n’y arrivera jamais, c’est beaucoup trop dur”. C’est vrai qu’il a attaché mon canoé au sien et me donne un petit coup de pouce, mais je trouve quand même qu’il en fait des tonnes.
Et pour cause : son canoé avait déjà commencé à se remplir subrepticement d’eau. Alors que le mien était léger comme une plume, le sien se transformait en éclume. Nous étions pourtant encore jeunes et ignorants à cette heure.
Nous nous tirons des roseaux et nénuphares, et rejoignons la lagune. Là, nous sommes à contre courant. On nous avait pourtant dit que la marée inverserait le courant pour le retour.
Nous sommes désormais sur deux galères. Le vent est contre nous. Cyril râle de plus belle : “et je prends l’eau maintenant !”. Oh, ça va, pas la peine d’en rajouter, quel marseillais !
“Je prends vraiment l’eau”. Je regarde un peu plus sérieusement. Le marseillais a les fesses dans l’eau. Je commence à trouver que c’est louche. Je récupère donc le sac à dos.
Il écope, je l’aide autant que possible.
“Je vais couler je te dis”. Là, c’est sûr, le Marseillais coule.
Je me retourne, et là, un pécheur sur son bâteau à moteur, aide providentielle ! Je lui fais des grands signes. Il me réponds joyeusement avec les mêmes gestes : “coucou !”
Mais non, pas coucou, “ayuda, help, mayday, mayday, au secouuuuuuuuur !!!!!!”
A ce moment, Le Marseillais est dans l’eau, il a coulé, son canoé s’est retourné. Le pêcheur lui lance une corde, sans arrêter le moteur ! Je vois juste une casquette de l’OM sur une touffe bouclée qui dépasse de l’eau, trainée au bout de la corde. J’ai très très envie de pouffer de rire, mais le marseillais mouillé ne rigole pas. “Ca ne me fait pas rire du tout, c’est pas drôôôôôle !” “Non non, hmfffpouahahahaha !” Bon ok, pas très diplomatique, mais fallait y être pour comprendre.
Finalement notre pêcheur remonte son gros poisson, met les deux canoés à bord (il a fallu vider d’abord celui de Cyril qui était plein d’eau et pesait vraiment une tonne), et nous repartons sur notre bateau à moteur. Le marseillais a honte de rentrer au village la queue entre les jambes. Moi je suis ravie de ne pas avoir à ramer plus longtemps !
Finalement, Cyril retrouve le sourire et rit même de bon coeur une fois sec (d’ailleurs, nos passeports ont failli y passer – ben évidemment qu’on avait besoin de nos passeports pour aller ramer au fond d’une lagune ! -, mais ils ont séché, ouf). Le loueur de canoés est mortifié et nous offre une super fritture de poissons pour s’excuser (et la location de canoé). Tout finit bien !
[simage=7106,144,n,left,]Le lendemain matin, 4h, nous prenons notre camion brousse, qui traverse les dunes et des chemins de sable pendant 70 km. Nous rejoignons ensuite Sao Luis, son centre colonial, son insécurité le soir (zut, zaime pas les villes). La ville a été fondée par les Français en 1612. En 1614, elle passait déjà aux mains des Portuguais. On n’a pas été bons en Amérique, faut le dire ! Aujourd’hui, elle est classée au patrimoine mondial de l’Unesco.
Petite visite à Alcantara, ville construite par les esclaves, à une heure et demi de bâteau de Sao Luis (nous découvrons d’ailleurs que nous avons le mal de mer, beurp).Le village est plein de charme, avec ses maisons colorées, ses ruines, ses églises surplombant la baie…
…et ses ibis rouges
Et ce soir, direction Bélem, porte de l’Amazonie ! Espérons cette fois que nous resterons à flots !
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Un homme à la mer!! Passer le coup de l’émotion ça devait être qq chose qd mm!! Et la casquette de l’OM qui prend l’eau… serait-ce un signe???? Bisous à tous les deux
Perso, je trouve que Laure a une très grande qualité d’écriture : j’ai très très bien visualisé la casquette de l’OM au fond de l’eau, le Cyril râleur et la Laure moqueuse….;-) y’avait des piranhas au moins ?
Dis donc Cyril, c’est normal que tu te transformes en JC au fur et à mesure du voyage ?????
Et penses à bronzer du torse aussi, le Tour de France, c’est fini….;-)
Les photos sont toujours aussi jolies…
Bisous à vous deux
Magnifiques paysages ! Et le récit est vraiment drôle, l’aurais-tu raconté sur le même ton si tu avais été dans l’autre canoë ?
Continuez bien votre périple et à bientôt pour de nouvelles aventures…
Bisous
Ouf, l’appareil photo est sain et sauf…
Et Cathy a raison : il va falloir travailler sérieusement ce bronzage !
Je vous rappelle que vous êtes au Brésil.
Je vis au Canada et je ne suis pas aussi pâlot !
Oh, que c’est drôle et tellement bien écrit….on se croirait vraiment avec vous
Bisous
Ben si la casquette de l’OM a survécu au nauffrage, elle a été oubliée deux jours plus tard dans un bus. J vous dis pas le drame. Il n’aurait pas été plus triste si ça avait été moi qu’il avait oubliée dans le bus ! Enfin, il se console en voyant de temps en temps des brésiliens avec des maillots de l’OM (et jamais d’autres équipes françaises – ça c’est lui qui m’a demandé de le préciser !). Sinon pour le bronzage, en t-shirt ça fait tout à fait illusion (mais c’est vrai qu’en maillot, on est un peu ébloui si on regarde le torse.
Quant à l’appareil photo, le reflex est cassé depuis 5 semaines, et le compact a fait un vol plané, donc c’est pas gagné !
Gilles, le soleil Canadien est peut-être plus puissant ?
Que Cyril se console en se disant qu’un brésilien se promènera avec SA casquette de l’OM et que s’il nous donne une adresse restante on peut lui en envoyer une autre …..Ceci dit, il ne serait pas parti sans te retrouver TOI.
J’ai retrouvé en Savoie un livre sur l’Amazonie qui m’avait été offert par des camarades pour mes 15 ans..”Amazonie , terre inachevée” Je l’ai parcouru à nouveau et il semble que Manaus a beaucoup changé depuis cette période, sauf le théâtre qui existait déjà. “Somptueux théâtre si déplacé dans une petite ville perdue au milieu de la jungle… où toutes les maisons sont construites sur l’eau.” Vous pourrez faire la comparaison en rentrant.
Bonne continuation et à bientôt le récit de vos aventures sur le long fleuve. J’espère que nous aurons des photos.
Bises
Une bonne fête à Laure de la part de nous tous à Gruffy.
Grosses bises à tous les 2 et bonne continuation!!
Photo glace bien cool
Je viens de lire l’histoire du canoë : c’est vraiment un truc de zinzin.