You are here: Home // Carnets de voyage (TDM), Madagascar // L’isalo – Ze(ro) guide

L’isalo – Ze(ro) guide

Votez pour cet article BofPas malBienSuperGénial (Pas de vote)
Loading ... Loading ...

Nous prenons possession de notre Bungalow en fin d’après midi. Il fait déjà nuit. L’employée de l’hotel nous ouvre la porte, et nous remarquons qu’il est impossible de la fermer à clé. Comme Cyril refuse catégoriquement de laisser nos affaires dans ces conditions, nous râlons gentiment et demandons à ce que le problème soit réglé. Pas de problème, nous dit la gérante. On ne peut pas fermer, mais on peut surveiller. Le gardien de l’hôtel, un vieil homme maigrichon, est donc posté devant notre cabanon, et il y restera jusqu’à ce qu’on revienne. C’est un peu gênant tout de même. Chez nous, ça ferait longtemps qu’il serait à la retraite le monsieur. Et là on lui demande de faire le pied de grue jusqu’à ce qu’on rentre… Ma foi, on se console en se disant que devant notre bungalow ou ailleurs, il aurait gardé quelque chose ce soir, donc autant que ce soit nos affaires…

Nous nous rendons donc dans le salon de l’hôtel, où Mâmy, notre super chauffeur, nous présente Claude, un guide officiel du parc, et alternativement un pote à lui. Claude est sympathique, il a l’air de maîtriser les itinéraires possibles, il s’adapte au fait que Charlotte, 7 ans, soit de la partie, et nous concocte un parcours de deux jours qui nous permettra de voir les deux Canyons (Cyril veut absolument voir le Canyon du rat, parce qu’il a lu dans le routard que les guides n’y emmenaient les visiteurs que très rarement, alors, par esprit de contradiction, il veuyallerveuyallerveuyaller et n’en démordra pas), les piscines naturelles, bleue et noire, la cascade, la route des crêtes… Nous signons, pour la modique somme de 110 000 A, non négociables (ce sont les tarifs officiels du parc, autant dire le parc le plus cher de tout Mada), après nous être bien assurés que Claude était un guide agréé, et non pas un stagiaire. Nous, on vu du pro. Débutants, passez votre chemin.

Mâmy nous emmène ensuite dans une gargote, au centre ville (c’est-à-dire au milieu de la seule rue de la ville, d’ailleurs déserte, il est désormais 20h passées, faut pas déconner, à cette heure là, tout le monde dort. Vive la vie nocturne !). Nous avons droit à des brochettes de zébu, des samoussas délicieux, le tout trempés dans une sauce à la cacahouète légèrement pimentée. Miam, un des seuls repas vraiment goûtu du voyage ! Et Myriam va chercher un ananas, découpé, qui est juteux et sucré juste comme il faut. Un régal !

Nous rentrons ensuite nous coucher (le gardien est fidèle au poste. Nous le libérons gracieusement), pour une bonne nuit de sommeil avant la randonnée du matin. Enfin, c’était sans compter sur le générateur qui fournit tout le village en électricité, et qui est situé… derrière nos bungalows ! La bonne idée ! Un moteur vrombissant qui fait trembler les murs, sans discontinuer, et file un mal de crâne pas possible. On s’endort quand même, mais bonjour la bonne humeur le matin ! Surtout que quand le réveil sonne à 6h du matin, on se lève, ronchons, et on essaie d’allumer la lumière, et là, pfiut, le tractopelle s’arrête, et plus d’électricité. Super, si en plus il se rend pas utile quand on a besoin de lui, à quoi il sert, le réacteur nucléaire ???

Enfin, c’est parti, direction l’entrée du parc, à 17 km de Ranohira. Un vieux monsieur assis sous un arbre est là pour prendre nos billets (on vient de lâcher à nous 4 plus de 200 000 Ar, et ils n’ont même pas les moyens d’acheter une chaise au papi ?). Nous nous dirigeons vers le premier Canyon. Nous traversons de vastes espaces semi désertiques, avant de nous engouffrer dans la faille « tectonique » (ça, c’est l’explication de Claude, quand on lui demande comment se sont formés ces massifs rocheux), et là, une végétation luxuriante, un ruisseau à l’eau limpide, de la fraîcheur… Le canyon court sur 16 km. C’est magnifique ! J’y resterais bien, mais nous avons encore un canyon à faire, et pas mal de marche, alors on ne s’attarde pas. Charlotte galope comme une antilope, elle s’en sort très bien, jusqu’à la roche fatale sur laquelle elle dérape. Rien de grave, une éraflure au genou. Mais comme sa mère panique, la gamine prend cela très au sérieux, pleure, affirme qu’elle ne peut plus marcher. Une enfant malgache n’aurait même pas remarqué la chute ! Du coup, au moindre pas qu’elle fait, Marianne la conseille : « Charlotte, prends bien appui ! Charlotte, mets bien ton pied à plat ! Charlotte, ne va pas trop vite ! Charlotte, enfin, regarde où tu vas ! Charlotte, donne la main ! Charlotte … » Oh putain, je vais l’étrangler. Faites quelque chose, il va y avoir un meurtre, et je veux même pas savoir à quoi ressemblent les prisons malgaches !!! Vite, vite, Cyril, passe devant, faut tampon entre elle et moi !

Après 150 000 Charlotte attention regarde où tu vas mets ton pied à plat donne la main, nous arrivons au Canyon des makis, qui effectivement, ressemble grandement au Canyon des rats, d’où le fait que les guides n’y emmènent pas les visiteurs. Mais bon, on est sûrs comme ça de n’avoir rien raté. Tout aussi joli que le premier.

Puis le groupe se sépare, Charlotte et Marianne partent avec Mâmy en voiture, nous continuons à pieds avec le guide. Thank god, on a évité le drame !

Là, dénivelé de 800 m, en 30 min, en plein soleil, au moment où il est à son zénith. Il me faut 5 minutes pour mourir de chaud, 10 pour être en nages, 15 pour être violette, et 20 pour me dire que c’est de la torture et que mes prochaines vacances, c’est au groenland. J’aime pas le chaud, j’aime pas le chaud, j’aime pas le chaud. Cyril, lui, file comme un cabri. Le marseillais, la chaleur, il craint pas. Il est tout guilleret, se moque de mes couleurs, immortalise ça avec son réflexe. Grrrrr. Me vengerai, quand tu pleureras sous la douche froide et que moi je serai comme un poisson alsacien dans la mer du nord !

Nous arrivons en haut (enfin !), et contemplons la belle vue. Ok, ok, ça valait le coup, et d’accord, c’était pas si dur. Je te le refais quand tu veux. Mais à 20 °c, au-delà, c’est pas humain. Petite pause sandwich sardine sous un arbre, et c’est reparti. Claude est toujours aussi peu loquace. Il file droit devant, fait un ou deux commentaires très synthétiques, répond à peine à nos questions. Il y a eu des dinosaures ici ? non, non, pas de dino. Ca s’est formé comment ? C’est tectonique. C’est quoi cette roche ? Ben, c’est comme l’autre guide vient de l’expliquer à l’autre groupe (grrrrr, il a l’air trop bien l’autre guide de l’autre groupe, voudrais bien aller avec eux !). Je tente alors un petit : « Claude, ce serait bien si tu nous donnais plein d’explications ! ». « Oui, oui, c’est comme il a dit, l’autre ». Bon, c’est râpé, il a pas compris. Il nous trouve quand même un scorpion, après avoir soulevé trois pierres. Je suis pas prête de toucher aux cailloux de la région ! Et un caméléon, qui change gracieusement de couleur sous nos yeux. Il s’arrête aussi près d’un arbuste où il avait trouvé un phasme, trois semaines plus tôt. Mais il a déménagé depuis. Comme c’est étrange ! En trois semaines, seulement ???

Nous retrouvons finalement Charlotte et Marianne à la piscine noire. Le site est magnifique, mais c’est le rendez-vous de tous les touristes (une vingtaine, ce ne sont pas non plus les champs Elysées à l’heure de pointe, mais enfin, dans un site comme cela, on aimerait être seuls au monde. Je fais trempette dans la piscine bleue. L’eau est gelée ! Et la noire, j’y trempe seulement les orteils. Cyril ne tente même pas. Ah, ces gens du sud, des petites natures !  Puis nous prenons le chemin de la cascade. Là aussi, un peu trop de monde. Donc court arrêt, juste le temps pour Cyril d’oublier les jambes de son pantalon convertible, puis c’est reparti. Nous faisons un petit bout de chemin, Cyril fait demi tour. Je peux donc échanger plus de trois mots avec Claude. Il m’explique qu’ils sont 88 guides, au parc. En été, ils travaillent donc à peu près une fois par semaine. Le reste de l’année, ils font un roulement, et sont appelés environ une fois tous les deux mois. Le reste du temps, il est agriculteur. Il a l’air tout triste, quand il me raconte ça. Je me dis qu’il est peut-être déprimé, et que c’est pour ça qu’il ne nous parle pas plus ? En même temps, je me dis qu’à une sortie par semaine, il n’a pas le temps d’être blasé, donc il pourrait faire un effort ! Bon, j’ai testé les limites de mes capacités d’empathie…

Nous rentrons à l’hôtel, une douchette, puis direction la gargote de la veille. C’était bon, carrément pas cher, alors on remet le couvert !

Puis dodo, bercés par le son du générateur…

Partagez
  • Facebook
  • Twitter
  • email
  • Digg
  • del.icio.us
  • Google Bookmarks
  • Add to favorites
  • MySpace
  • Netvibes
  • PDF
  • Yahoo! Bookmarks

Les posts qui peuvent vous interesser:

  1. Le carosse
  2. Belo, ses pirogues, ses salines…
  3. Ignace, Ignace, c’est un joli petit nom charmant !
  4. Quand on perd la loco…
  5. J’ai le palu ! Je suis sûr que c’est le palu !

Tags: , , , ,

Laisser un commentaire

Copyright © 2009 Far Far Away. All rights reserved.
Designed by Theme Junkie. Powered by WordPress.